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« L’agroécologie est pour nous bien plus qu’une simple alternative agronomique.

Elle est liée à une dimension profonde du respect de la vie et replace

l’être humain dans sa responsabilité à l’égard du vivant Â» - Pierre Rabhi

 

 

 

Le projet de loi d’avenir pour l’agriculture définit l’agroécologie comme un « système de production privilégiant l'autonomie des exploitations agricoles et l'amélioration de leur compétitivité en diminuant la consommation d'énergie, d'eau, d'engrais, de produits phytopharmaceutiques et de médicaments vétérinaires Â». C’est un modèle qui entreprend de réconcilier l’agronomie et l’écologie, tout en redynamisant le monde rural et en protégeant la santé des agriculteurs et des consommateurs.

 

Cependant, la stratégie agroécologique du gouvernement est loin de faire l’unanimité et de satisfaire les intérêts de chacun, notamment ceux des lobbies agroalimentaires et des politiques conservateurs. 

 

Progressivement, les entreprises se saisissent du concept d’ « agroécologie Â», à l’instar de McDonald’s France, qui est paradoxalement souvent décrié pour les méfaits environnementaux et sanitaires de son activité. Pour autant, quelle crédibilité accorder à une telle démarche ? En quoi l’agroécologie est-elle davantage qu’un simple objet de « business development Â» ? Comment se dissocie-t-elle du modèle agro-alimentaire dominant ?

 

 

 

Pourquoi changer de modèle agricole ?

 

De nos jours, la notion d’ « exploitant agricole Â» a pris le pas au détriment de celles de « paysan Â» et d’« agriculteur Â», comme le signe d’un détachement résolu à la Terre.

 

Le modèle agricole actuel contribue à aggraver les problèmes en matière de conservation de l'eau, de qualité des sols, de sécurité alimentaire, de santé humaine, etc. Voici quelques-unes de ses caractéristiques : élevage en batterie, sélection de fruits et légumes sans goût pour satisfaire les besoins de transport et les normes de conservation, mise à l’écart de ceux étant jugés comme « difformes Â», recours massif aux colorants et agents de texture, etc.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comment modifier les pratiques par l’agroécologie ?

 

Avec l’intensification du changement climatique, les agriculteurs vont devoir transformer leurs comportements, en choisissant des variétés et des cultures plus adaptées au climat, mais aussi en optimisant l’irrigation, par exemple grâce au « goutte à goutte Â».

 

L’agroécologie équivaut également à substituer des pratiques naturelles pour protéger les végétaux au détriment des pesticides, ce qui se traduit par l’essor des techniques de « biocontrôle Â» (utilisation d’autres organismes, de phéromones d’insectes[2], etc.).

 

D’autre part, la revitalisation de l’apiculture est essentielle, dans la mesure où 1/3 de ce que nous mangeons n’existerait pas si les abeilles disparaissaient[3]. En 2012, l’Etat a lancé un « Plan de développement durable de l’apiculture Â»[4], mais l’intensification à venir des changements climatiques fait planer un doute sur l’efficacité d’un tel programme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des enjeux humains et organisationnels

 

Le succès de l’agroécologie passera immanquablement par la transformation des formations spécialisées. Progressivement, les établissements d’enseignement agricole évoluent pour incorporer davantage les impératifs écologiques dans la formation des jeunes agriculteurs[5].

 

L’agroécologie profite en tout premier lieu aux agriculteurs, qui redeviennent le maillon essentiel du système de production alimentaire. Ainsi, c’est un projet qui se vit au niveau local, en rassemblant l’ensemble des acteurs concernés (agriculteurs, entreprises, instituts de  recherche et de formation, collectivités, etc.). Ce regroupement des différentes parties prenantes est dorénavant facilité à travers les Groupements d’intérêt économique et environnemental (GIEE)[6].

 

Toutefois, l’agroécologie ne connaitra un plein essor que lorsque les autorités politiques transformeront leurs stratégies agricoles et que le marché mondial des matières premières intègrera davantage les problématiques environnementales et alimentaires.

 

 

L’agroécologie au service des pays en développement

 

Paradoxalement, les populations affamées des pays en développement se situent dans les zones rurales, car les pouvoirs locaux préfèrent alimenter les villes par crainte des révoltes urbaines. Mais à travers la notion de « développement Â», il faut comprendre que l’agroécologie est un vecteur d'autonomie pour les petits producteurs des pays pauvres (fin de la monoculture) et d’adaptation à des ressources naturelles limitées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les projets de « semis direct sur couverture végétale permanente Â» (SCV) s’avèrent être des moyens très efficaces pour lutter contre la pauvreté rurale et pour préserver la qualité des sols cultivables.

 

Ainsi, l’intervention auprès des pays pauvres de structures comme le CIRAD (Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement), est fondamentale pour assurer une transmission rapide, gratuite et illimitée des pratiques agroécologiques. Il en est de même du mouvement « Terre & Humanisme Â» de Pierre Rabhi, qui a déjà permis à des milliers de fermes africaines d’acquérir une autonomie alimentaire par le respect du vivant.

 

 

 

Conclusion

 

En matière socio-économique, l’agroécologie est un fort vivier d’emplois potentiels, en particulier dans les filières de l’agriculture biologique et de la méthanisation. Sur le plan humain, l’agroécologie suscite des enjeux liés, d’une part, au développement et à la diffusion des connaissances, et, d’autre part, à la transmission et à la maîtrise des savoir-faire.

 

La France, en tant que premier exportateur mondial de semences, à un rôle clef à jouer dans le développement d’une autre agriculture, plus détachée des impératifs quantitatifs et productivistes.

 

Aujourd’hui émerge le concept de « locavore Â»[7], pour allier le bio et les « circuits courts Â». Nombreux sont les « consom’acteurs Â» qui ont d’ores et déjà saisi la plénitude des défis environnementaux et l’urgence d’y remédier. En outre, dans la mesure où 30 à 50% de la production agricole est perdue ou gaspillée, l’agroécologie ne pourra prospérer sans une insurrection des consciences et une révolution des comportements individuels.

 

 

 

 

Notes :

[1] http://www.actu-environnement.com/ae/dictionnaire_environnement/definition/humus.php4.

[2] http://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i68pain.pdf.

[3] Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, 10 clés pour comprendre l’agro-écologie, 2014, p. 14.

[4] http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/PDDA_VF_cle0f2af1.pdf.

[5]http://agriculture.gouv.fr/enseigner-a-produire-autrement-enseignement-agricole-agro-ecologie-seminaire-plan-actions.

[6] http://agriculture.gouv.fr/giee-groupement-interet-economique-environnemental-loi-avenir.

[7] http://www.consoglobe.com/alimentation-locavores-3064-cg.

 

 

 

 

 

 

 

L'agroécologie, la révolution verte du XXIe siècle

 

 

 

 

De Corentin Gobé,

le 27 mai 2014

Au lieu de lutter contre la nature, il faut composer avec ses propriétés cycliques. Pour cela, les agriculteurs doivent s’adapter aux règles naturelles des sols et de l’humus[1]. Il convient alors de repenser notre relation à la Terre, car à travers la façon de produire notre nourriture transparait un certain degré d’humanité. Par conséquent, l’agroécologie participe à une logique de revalorisation de la qualité au détriment du quantitatif.

L’économie circulaire doit être introduite dans les fermes, car les effluents d’élevage et autres déchets produits par les activités agricoles (lisiers, fumiers, etc.) peuvent être valorisés comme fertilisants, et aussi comme source d’énergie renouvelable, grâce à la méthanisation. Mais seules 140 fermes ou coopératives disposaient, fin 2013 en France, d’installations de méthanisation.

 

Enfin, l’agroforesterie est un autre pilier de l’agroécologie, car elle permet d’accroître les rendements des sols, mais aussi de réduire l’impact des vents sur les cultures et de limiter les risques d’érosion. Cette stratégie passe notamment par la formation de haies bocagères.

 

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