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De la transition économique à la transition énergétique

 

 

 

 

De Corentin Gobé,

le 26 novembre 2013

 

 

 

Les enjeux relatifs au changement climatique sont bien souvent mis de côté au profit d’autres problématiques, telles que la lutte contre le chômage et l’insécurité, ou la gestion de la dette publique. D’autant plus que beaucoup de citoyens et d’élus estiment que les mesures environnementales nuisent à la croissance, à la compétitivité et à l’emploi. En s’appuyant sur le rapport « Contribution de l’ADEME à l’élaboration de visions énergétiques 2030-2050 Â» (2013), nous allons tenter de démontrer comment il est possible de concilier reprise économique et transition énergétique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les bienfaits économiques de la transition énergétique

 

Le rapport de l’ADEME révèle des perspectives bien différentes de ce que l’on pourrait penser de prime abord au sujet des impacts socio-économiques de la lutte contre le changement climatique. L’environnement ne doit plus être considéré comme une politique nuisible à l’activité et à la santé économique d’un pays. En effet, les trois scénarios tendanciels élaborés par l'ADEME prévoient une augmentation du PIB, et cela « est essentiellement imputable à l’amélioration de l’emploi et à la diminution du déficit de la balance commerciale Â»[1].

 

Pour l’élaboration de ses scénarios tendanciels, l’ADEME a utilisé l’outil « Three-ME Â» (Modèle macroéconomique multisectoriel d’évaluation des politiques énergétiques et environnementales)[2], afin de caractériser au mieux les effets économiques des politiques de transition énergétique. Ainsi, les créations d’emplois à l’horizon 2050 seraient comprises entre 691 000 et 874 000, en fonction du scénario de mix électrique choisi. D’autre part, il est prévu que le déficit de la balance commerciale se réduise après 2020, car la consommation et les importations d'énergie devraient sensiblement diminuer.

 

 

Adapter les logiques économiques aux nouveaux défis énergétiques

 

Rares sont les chefs d’entreprise qui ont pleinement compris les bénéfices à tirer de la transition énergétique. Bien sûr il y a de plus en plus d’exemples d’entreprises éco-innovantes, éco-responsables et éco-citoyennes. Il est important de valoriser leurs actions et qu’elles partagent leurs expériences auprès des autres entreprises. Mais il ne faut pas se voiler la face, car ce type de comportement est l’exception qui confirme la règle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Or, l’ADEME démontre dans son rapport que sans même un changement « radical Â» de nos modes de vie et des activités de production, la transition énergétique est possible. Pour ce faire, l’activité économique doit davantage se préoccuper des problématiques à long terme. L’économie verte est la seule solution viable, et elle a déjà commencé à se développer, au travers d'activités comme l’isolation écologique et la rénovation énergétique des bâtiments, le recyclage et la revalorisation des déchets, l’éco-conception des produits de type « cradle to cradle Â»[3], l’affichage environnemental des biens, etc.

 

Les technologies vertes (ou « Green IT Â») doivent être mises au service de cette « troisième révolution industrielle Â», selon les termes de J. Rifkin[4]. Mais aujourd'hui, beaucoup d’entre elles ne peuvent même pas être mises sur le marché,  et ce pour plusieurs raisons : elles ne sont pas assez rentables à court terme, elles vont à l’encontre des intérêts de certains lobbies, ou elles ne sont tout simplement pas bien comprises.

 

Pourtant, selon l’ADEME, la transition économique aurait des effets très positifs sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, comme l’illustre le tableau ci-après.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source : ADEME, Contribution de l’ADEME à l’élaboration de visions énergétiques 2030-2050, juin 2013, p. 20 et 35.

 

 

Des perspectives également humaines et politiques

 

Mais une question demeure : l’Homme sera-t-il capable de maîtriser ce processus de croissance qui aujourd’hui le dépasse ? En effet, on peut avoir des craintes sur la capacité des entreprises et des gouvernements à réorienter leurs priorités, en exploitant convenablement le potentiel des activités « Ã©cologiques Â» dans des secteurs comme les transports, la production d’énergie, le bâtiment, etc.

 

A ce titre, l’Europe, l’Etat et les collectivités territoriales ne doivent pas uniquement accompagner ces évolutions, ils doivent au contraire les promouvoir et les impulser. Il est nécessaire d'entreprendre un processus de planification, pour mettre en œuvre les réformes et les ajustements économiques structurels exigés par la transition énergétique, et que le marché ne peut prendre en compte. Par ailleurs, étant donné que l'agriculture représente environ 40% du budget européen pour la période 2007-2013[5], les leviers d'action pour favoriser l'agriculture biologique et l'agroécologie sont très importants. Ainsi il faudrait allouer les subventions accordées par la politique agricole commune européenne (PAC) en fonction des performances énergétiques des exploitations.

 

 

 

De toute façon, si les entreprises et les pouvoirs publics ne s’adaptent pas aux enjeux énergétiques et climatiques, la transition sera d’autant plus violente et déstabilisatrice. Que deviendront dans 20 ou 30 ans tous ces emplois situés dans des activités qui reposent, directement ou indirectement, sur des ressources qui sont amenées à disparaître ? Ainsi il faut prévoir, anticiper et planifier le changement. Il est fondamental de comprendre que la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique n’ont pas qu’un intérêt environnemental, car leurs répercussions sur l’économie sont autant positives que décisives.

 

 

 

 

 

Notes :

[1] ADEME, Contribution de l’ADEME à l’élaboration de visions énergétiques 2030-2050, juin 2013, p. 40.

[2] http://spire.sciences-po.fr/hdl:/2441/eu4vqp9ompqllr09hi4ipb1c8/resources/r120-5.pdf

[3] http://www.actu-environnement.com/ae/news/cradle-to-cradle-utopie-revolution-industrielle-recyclage-15012.php4

[4] Rifkin Jérémy, La troisième révolution industrielle, Editions Les liens qui libèrent, fév. 2012.

[5] Commission européenne, Le budget de l'Union européenne en un coup d’œil, 2010, p. 2.

 

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