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Malgré la crise, deux tiers des entreprises membres de FACE (Fondation agir contre l’exclusion) ont maintenu leurs engagements en termes de responsabilité sociétale d’entreprise (RSE) et de développement durable (DD), a annoncé l’organisme dans le cadre de son deuxième baromètre annuel, paru le 8 novembre 2013[1]. Cependant, les difficultés économiques ont profondément mis à mal les démarches RSE des entreprises. Leurs priorités stratégiques se concentrent encore d’une manière trop succincte sur les enjeux ESG (Environnementaux, sociaux et de gouvernance), notamment du fait d’un manque de moyens,  mais aussi de convictions. Les efforts réalisés par les entreprises sont encourageants, mais ils restent insuffisants, et les solutions mises en place sont inaptes à répondre aux défis proposés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La RSE et le DD : des concepts essentiels en plein essor

 

La responsabilité sociale et environnementale des entreprises est une valeur récente, mais qui commence réellement à s'implanter dans la culture de l'entreprise.  Elle se manifeste par la prise en compte des enjeux et des problématiques ESG qui se rattachent aux activités du Groupe. Les initiatives internationales se multiplient (Stratégie RSE de la Commission Européenne (2011), Pacte Mondial de l’ONU, Norme ISO 26 000[2], version G4 de la GRI – Global Reporting Initiative, etc), tout comme celles au niveau national (Loi NRE - 2001, Lois Grenelle – 2009 et 2010[3]).

 

L’appropriation des principes de la RSE et du DD est une réalité pour beaucoup d’entreprises, à tel point que Vigeo, une agence de notation extra-financière, constate qu’apparaissent de nouvelles demandes de la part des entreprises en matière de reporting et d’actions RSE. Les stratégies DD de ces Groupes constituent d’authentiques outils de réconciliation entre l’entreprise, la société et l’environnement.

 

 

Des situations contrastées selon les entreprises

 

L’importance de l’intégration des parties prenantes dans les processus d’élaboration, de mise en Å“uvre et de suivi des politiques RSE et DD dépend des entreprises et des secteurs d’activité. Quoi qu’il en soit, les politiques à mettre en place doivent faire l’objet d’une intense collaboration entre les différents services et les différents niveaux opérationnels. De fait, beaucoup de représentants syndicalistes se plaignent d’une absence, ou d’une insuffisance de dialogue sur les sujets ESG au sein de nombreuses entreprises.

 

Il existe un décalage entre le volontarisme de certains en matière d’actions ESG, et le scepticisme des autres, qui n’agissent qu’au gré des contraintes réglementaires, quand ils les respectent. En effet, toutes les entreprises n’ont pas bien compris les ruptures nécessaires à entreprendre, pour améliorer les impacts ESG de leurs activités économiques et financières.

 

 

Des démarches encore marginalisées dans les stratégies des entreprises

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De plus, la défiance de certains chefs d’entreprise envers les pouvoirs publics et les normes environnementales et sociales, aggrave les impacts ESG de leurs activités économiques. Les stratégies DD des entreprises ne sont pas considérées à leur juste valeur et restent un élément marginal des stratégies globales[4]. Les mesures de RSE et de DD sont encore trop alignées sur la politique financière de l’entreprise. D’autre part, il est fréquent que les managers et les salariés directement en prise avec les politiques RSE et DD, aient du mal à mettre en place des actions concrètes, c’est-à-dire à dépasser le simple stade de reporting des données. Pour remédier à cela, les systèmes de management (de type ISO 14 001[5]) doivent impérativement être simplifiés.

 

A cela s’ajoutent des questionnements méthodologiques. En effet,  les indicateurs et les critères de performance extra-financière ont leurs limites, car ils ne peuvent représenter à eux seuls la réalité du bilan des actions ESG menées. De même, ils sont très subjectifs, dans le sens où il y a peu d'harmonistation entre les entreprises, mais aussi entre les agences de notation. Ainsi, il est nécessaire de travailler davantage sur une évaluation plus qualitative des stratégies RSE et DD des entreprises.

 

 

Les autorités réglementaires doivent être plus incisives

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De son côté, la France, qui a longtemps été un exemple en la matière au niveau mondial, peine à concilier reprise économique et gestion des défis ESG. La réglementation environnementale occupe une place prépondérante dans le droit français, cependant, son application laisse à désirer. De plus, une grande partie des dispositions normatives issues du Grenelle de l'environnement ne sont pas assorties d’éventuelles sanctions en cas de non-respect, ou bien elles sont peu appliquées lorsqu'elles existent. Pour sa part, l’Union Européenne est inefficace dans la généralisation et l’harmonisation des contraintes réglementaires.

 

Les carences des entreprises dans les enjeux ESG proviennent entre autres d’un manque d’implication des autorités publiques nationales. Aujourd’hui, il n’existe pas de structures capables de recenser et de partager les bonnes pratiques, et qui favoriseraient l’émergence d’une approche avant-gardiste de l’entreprise. Les efforts doivent s’intensifier pour que la plate-forme RSE récemment créée au niveau national[6], soit capable d’accompagner les entreprises dans leurs démarches de responsabilisation. Pour aller plus loin, serait-il possible que l’Etat réduise, voir prohibe, l’importation de produits conçus par les entreprises ne respectant aucune législation et aucun engagement ESG ?

 

 

 

En conclusion, il est fondamental que les dirigeants des entreprises repensent  leurs paradigmes, en incorporant davantage les impératifs de transition écologique, et en adaptant leurs systèmes de gouvernance. Le bilan des politiques et des actions relatives à la RSE et au DD est clairement insuffisant, car la cohérence avec les choix économiques et financiers de l’entreprise est anecdotique. Pour autant, l’évolution du cadre réglementaire a permis une diffusion « générale Â» de ces défis auprès des entreprises, même s’il faudrait davantage les aider d’un point de vue organisationnel et méthodologique.

 

 

 

 

 

Notes :

[1] Fondation Agir Contre l’Exclusion, Baromètre de l’engagement social et sociétal des entreprises sur les territoires : 2ème vague 2013, 8 novembre 2013.

[2] http://rse-pro.com/comprendre-norme-iso26000-775

[3] La loi relative aux nouvelles régulations économiques (2001) impose aux entreprises cotées en bourse d'ajouter, dans leur rapport de gestion annuel, des éléments sur  les conséquences sociales et environnementales de leurs activités. Le Grenelle de l'environnement (2007) regroupe un ensemble de mesures environnementales intégrées au Code de l'environnement. L'article 225 de la loi Grenelle 2 (2010) impose aux entreprises de plus de 500 salariés d'améliorer la transparence sur leurs impacts et leurs données ESG.

[4] Orée, Reporting extra-financier : première année de l'application de l'article 225 de la loi Grenelle 2, oct. 2013, p. 73.

[5] http://norme14001.fr/

[6] http://www.developpement-durable.gouv.fr/Lancement-de-la-plateforme-pour-la

Quelle crédibilité pour la RSE et le développement durable ?

 

 

 

 

De Corentin Gobé,

le 26 novembre 2013

Cependant il n'y a pas de doute que le développement durable demeure avant tout un outil marketing, qui permet d'améliorer l'image, et qui est décisif dans la gestion de la réputation de l'entreprise. Ainsi, l’appropriation par les entreprises du concept de développement durable conduit à masquer de réels problèmes, au profit d’impératifs de communication.

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